par Rose-Hélène Coulombe, membre de l’APRQ et retraitée du MAPAQ et de Tourisme Québec (2003) – 35 ans de service
Note : Ce texte est inspiré des trois livres de la Collection «Culture & Patrimoine» aux Éditions GID / Rose-Hélène Coulombe et Michel Jutras, co-auteurs |
Des femmes engagées à l’amélioration de la qualité de vie des femmes et des familles québécoises
À la fin du 19e siècle, on pratique surtout une agriculture de subsistance visant l’autosuffisance. Pour combler les besoins les plus élémentaires, tous les bras et les talents d’une même famille sont mis à contribution. C’est la période de transmission du savoir de mères en filles et de pères en fils. On fait « du neuf avec du vieux » pour habiller grands et petits. Les poches vides de farine et de sucre, bien lavées, font de coquets vêtements ou de la lingerie de maison.
À la fin du 19e siècle, on pratique surtout une agriculture de subsistance visant l’autosuffisance. Pour combler les besoins les plus élémentaires, tous les bras et les talents d’une même famille sont mis à contribution. C’est la période de transmission du savoir de mères en filles et de pères en fils. On fait « du neuf avec du vieux » pour habiller grands et petits. Les poches vides de farine et de sucre, bien lavées, font de coquets vêtements ou de la lingerie de maison.
Pendant la période de 1912 à 1962 le Département de l’Agriculture connaît une forte expansion, multipliant ses services au rythme du développement de l’époque. Le gouvernement met en place des mécanismes d’aide au progrès du peuple et de l’économie. Le ministère de l’Agriculture du Québec est le premier répondant pour le gouvernement dans cette démarche; on fournit des agronomes pour les hommes et des économistes familiales pour les femmes. Puisque ce sont les femmes qui éduquent les enfants qui formeront notre société, on opte pour la valorisation de leur travail au foyer et dans leur milieu. En janvier 1915, deux agronomes, Alphonse Désilets et Georges Bouchard, fondent à Chicoutimi le premier Cercle de Fermières. Le ministère de l’Agriculture ouvre en 1926 l’École des arts paysans qui devient en 1930 l’École des arts domestiques. Parallèlement, les institutions rurales d’enseignement sont subventionnées pour insérer dans leur programme des cours ménagers et agricoles.
Le ministère de l’Agriculture fournit également des techniciennes itinérantes répondant aux demandes des organisations féminines, tels les Cercles de Fermières. Dans les années 1940 -1950, le ministère de la Colonisation utilise aussi des « visiteuses » pour aider les colonies à s’établir solidement. Soucieux des besoins relatifs à cette économie rurale, le ministère de l’Agriculture fournit sur demande, durant de nombreuses années, des brochures ou feuillets de techniques artisanales, de recettes de cuisine et de conservation des aliments. Au nombre de 25 techniciennes, en 1942, les « visiteuses » dispensent des cours selon la spécialité de chacune : art culinaire, conservation des aliments, couture, tissage, tricot, chapellerie, broderie, crochetage de tapis et tissage aux doigts (le fléché). L’été n’est nullement la saison des vacances pour les techniciennes. Leurs actions se jouent auprès des jeunes filles qui s’initient aux travaux domestiques dans des Écoles régionales qui offrent ce service. C’est aussi le temps des expositions agricoles où les techniciennes sont requises pour le jugement des articles présentés en artisanat et en art culinaire.
À la fin des années 1960, s’installe la régionalisation dans les ministères. Celui de l’Agriculture opte pour insérer ses techniciennes en économie domestique dans ses bureaux régionaux, à titre de conseillères en économie familiale. En 1968, ces techniciennes se retrouvent désormais attitrées à un territoire. Elles sont intégrées à des équipes d’hommes et deviennent des agentes de changement du mode de consommation des familles. Leurs nouveaux champs d’activités sont nombreux et les conseillères doivent dorénavant s’adapter aux réalités régionales ainsi qu’aux visions des directeurs en place. Elles développent des ateliers sur divers sujets : l’art d’acheter les aliments, les bases d’une saine alimentation, la conservation des aliments, la promotion de produits locaux et québécois, la présentation des fruits et légumes locaux qui sont vendus en kiosques fermiers en bordure des routes, l’initiation des consommatrices au système international de mesures. Elles collaborent également aux expositions régionales agricoles pour les sections d’artisanat et d’art culinaire, à la mise sur pied du Concours Villes, villages et campagnes fleuris, à la concertation et mobilisation pour la reconnaissance des femmes collaboratrices à la ferme et à l’instauration de l’agrotourisme et du tourisme en milieu rural. Au total, dix-huit techniciennes auront relevé ce nouveau défi jusqu’au milieu des années 1980, date correspondant au départ à la retraite pour plusieurs d’entre elles et à l’actualisation de la fonction.
Héritage laissé par les techniciennes en économie domestique
Les Filles du gouvernement ont contribué à l’amélioration de la qualité de vie des femmes et des familles québécoises ainsi qu’au progrès social, culturel et économique du Québec. Elles ont grandement favorisé la popularisation pour l’artisanat québécois et la bonne alimentation tout en assurant une continuité dans la transmission des savoirs. (L’expression « Filles du gouvernement »traduit la façon générale d’identifier ces formatrices itinérantes du Ministère).