La cécité n’est pas un obstacle à l’engagement social
par Louis Lévesque, membre du Conseil régional de Québec et président du Regroupement des personnes handicapées visuelles (RPHV)
Récemment, je rencontrais Jacques Pelchat, le président de l’APRQ, à Québec. Jacques et moi nous connaissons depuis plusieurs années. Je lui ai fait part de mon propre engagement au sein du Regroupement des personnes handicapées visuelles (03-12) (RPHV). J’occupe le poste de président depuis maintenant deux ans. Les membres m’ont récemment renouvelé leur confiance pour un autre mandat. Lors de notre conversation, Jacques m’a demandé de présenter le RPHV afin d’en faire connaître les services et de mon engagement.
Perte de la vue
Il convient d’abord d’effectuer une mise en contexte. En novembre 2011, j’ai perdu la vue suite à des complications liées à un glaucome agressif. Je me suis alors engagé dans une réadaptation axée sur la mobilité et sur l’informatique. C’est grâce aux professionnels de l’Institut en réadaptation physique de Québec que j’ai pu améliorer mon autonomie.
D’entrée de jeu, je me suis tourné vers l’engagement social pour canaliser mon énergie. Il n’était pas question que je reste chez moi à compter les jours. De fil en aiguille, j’en suis venu à présenter ma candidature au poste de président du RPHV. J’aimerais vous le faire connaître à travers les lignes qui suivent.
À propos du RPHV
Il y a près de 40 ans, des personnes malvoyantes et aveugles de la région de Québec ont fondé le RPHV. Elles étaient désireuses d’offrir des activités de loisir adaptées aux personnes affectées par des limitations importantes de la vision. Peu à peu, le RPHV a évolué. Il s’est doté d’une permanence, afin, notamment, de mieux défendre les droits des personnes handicapées visuelles des régions de Québec et de Chaudière-Appalaches.
Aujourd’hui, le RPHV compte quatre employés permanents dont deux sont aveugles. Cela ne nous empêche pas d’être fort dynamiques. Nous offrons un café-rencontre par mois qui attire une quarantaine de personnes chaque fois. L’organisme permet à plusieurs personnes d’améliorer leurs compétences de mobilité, par l’entremise d’un club de marche. Croyez-le ou non, une activité de cuisine collective rejoint une douzaine de personnes, également chaque mois.
Accessibilité technologique
L’accessibilité technologique constitue également une des préoccupations du regroupement. Les exemples suivants permettent de saisir la nature de nos interventions. En collaboration avec d’autres organismes de personnes handicapées, nous nous sommes assurés que Le Portail santé mieux-être du gouvernement du Québec soit adapté à une lecture à l’aide des logiciels appropriés. Nous participons également à des essais des nouveaux guichets bancaires tactiles.
D’ailleurs, saviez-vous qu’il est possible pour une personne complètement aveugle d’utiliser un guichet automatique, simplement à l’aide d’une paire d’écouteurs? De même, saviez-vous que les iPhone et iPad sont complètement accessibles aux aveugles et malvoyants? Il y a deux ans, le RPHV a formé un petit groupe d’utilisateurs, pour échanger des trucs concernant ces outils.
La cécité constitue déjà un obstacle à la mobilité. Nous tenons à éviter qu’il en soit de même avec la technologie.
Sans des organismes comme le RPHV, les personnes ayant des limitations visuelles importantes se retrouveraient exclues d’une participation sociale significative. Nous collaborons d’ailleurs avec les gouvernements pour faciliter le droit de vote des personnes handicapées visuelles.
Membre du Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec
Le RPHV fait partie du Regroupement des aveugles et amblyopes du Québec, qui œuvre à l’échelle de la province. Cet organisme regroupe les associations régionales qui existent à la grandeur du Québec. Ces dernières interviennent auprès de leurs membres handicapés visuels, aux quatre coins de la province.
Le RAAQ, quant à lui, facilite l’échange d’informations entre les regroupements régionaux et traite de dossiers à l’échelle nationale.
La cécité, comme vous pouvez le constater, n’empêche nullement les personnes atteintes de faire preuve d’initiative et d’engagement social. Évidemment, notre condition impose certaines limitations. Cependant, quand on y pense, toutes et tous devront accepter certaines limites, physiques ou autres. Avec la retraite, arrivent souvent les problèmes de santé, grands et petits.

Des organismes communautaires comme le RPHV réduisent les barrières que la société impose parfois, aux personnes affectées par un handicap ou une perte d’autonomie. En outre, ils permettent une implication sociale constructive, auprès de personnes touchées par des problèmes similaires aux nôtres.
En définitive, je crois bien que c’est cela qui m’anime…
Je vous invite à consulter le site du RAAQ, pour connaître les associations et services offerts dans votre région.
Source : Le ProActif – Septembre 2018